Atelier régional EcoQuartier le jeudi 8 novembre 2018 à Laval - "Faire la ville sur la ville : partage d’expériences de renouvellement urbain en Pays de la Loire"

Qu’elles soient rurales, urbaines ou périurbaines, les collectivités axent de plus en plus leur politique d’aménagement sur le tissu urbain existant pour réduire leur consommation d’espace, leur dépendance à l’automobile et revitaliser leur centre-bourg ou centre-ville.

Après une période d’extension urbaine souvent en périphérie (zones pavillonnaires, zones d’activités économiques), l’exhortation « construire la ville sur la ville » de la fin des années quatre-vingt et du début des années quatre-vingt-dix transcrite dans la loi solidarité et renouvellement urbains commence à se traduire dans l’acte d’aménager. Les friches laissées par le départ des activités industrielles, militaires ou maraîchères sont investies. Nombres d’opérations d’aménagement se réalisent sur ces espaces, parfois vastes, et souvent proches des centres-villes. Mais le renouvellement de la ville sur elle-même passe aussi par la multiplication d’actions plus ciblées comme la construction d’immeubles après destruction du bâti existant ou bien la rénovation de bâtis anciens. De nature et d’ampleur différentes, ces actions contribuent à la redynamisation des centralités des villes et des petites communes prônées par les politiques publiques, mises en musique et portées par les collectivités territoriales et leurs partenaires.

Loïc GUILBOT du CEREMA a présenté la démarche de la ville d’Azé en Mayenne qu’il a accompagnée dans le cadre d’une étude portant sur le devenir d’un quartier pavillonnaire ancien datant des années 60 à 80 et comptant 250 logements. Renouveler un quartier existant permet tout à la fois de lutter contre l’étalement urbain, améliorer la performance énergétique des bâtis existants et valoriser des quartiers menacés de dépeuplement au bénéfice des nouveaux quartiers en extension. Cette étude a impliqué de nombreux partenaires (DREAL, DDT 53, CEREMA, 4 bureaux d’études, École du Design de Nantes) la mairie et les habitants de ces quartiers. Elle a permis d’imaginer des outils de financement pour rénover l’habitat existant à travers notamment la division parcellaire (pour y construire une maison). Des pistes pour faire évoluer les espaces publics (rues, places, liaisons, réseaux…) en adéquation avec de nouvelles pratiques de mobilités et d’usages de ces lieux ont également été identifiées. L’objectif est de permettre aux habitants de rester dans des logements mieux adaptés mais aussi d’accueillir des jeunes ménages et de maintenir les commerces, services et équipements du quartier. Au final, l’étude indique la possibilité de densifier le quartier de 40 logements supplémentaires à l’aide de la division parcellaire et de construire 80 logements sur des dents creuses. Cette démarche a préparé la stratégie d’action de la commune (stratégie d’acquisition et de rénovation). Les projets qui en ont résulté ont été traduits dans les OAP du PLUI, donnant lieu à des emplacements réservés.

Patrick BALEYDIER, vice président du SCoT du Pays du Vignoble Nantais, et Jonathan RETIERE (chargé de mission au SCot du Vignoble Nantais), ont présenté la réflexion conduite sur leur territoire situé aux abords de la métropole nantaise pour densifier certains bourgs et villages identifiés dans le SCoT comme centralités à renforcer. La démarche BIMBY (Build in my back yard c’est-à-dire « construire au fond de mon jardin ») permet ainsi d’optimiser le foncier dans ces cœurs de bourg pour répondre à une demande de plus en plus forte de logements de plus petites tailles et sur des petites parcelles. En effet, les maisons anciennes de type « nantaises » présentent une configuration qui est de plus en plus éloignée des nouvelles attentes des jeunes ménages. Un recensement foncier a ainsi permis de déterminer un potentiel significatif permettant de couvrir près de 80 % des objectifs de construction dans les enveloppes urbaines des bourgs et villages. Une campagne de 215 entretiens avec des propriétaires potentiellement intéressés par la division parcellaire a ensuite été conduite en 2018. Elle confirme la pertinence de cet outil de densification « douce » pour produire des logements dans les cœurs de bourgs.

Ensuite, une présentation des actions engagées dans le domaine de l’habitat ancien sur le territoire de Laval Agglo, a été faite par Gwénaël POISSON (Vice-Président en charge de l’habitat - Laval Agglo), Elisabeth TAMPIER (SOLIHA 53), Marie-France GOURMELON (ADIL 53) et Olivier HERISSON (Espace Info Energie de Laval). Ces quatre structures forment un réseau de partenaires réunis autour de l’accompagnement des propriétaires accédants de logements anciens (construits avant 1974) dans la rénovation de leur bien. En s’appuyant sur l’offre de logements anciens en centre-ville, centre-bourg et dans les zones pavillonnaires situées à la périphérie de Laval, le dispositif vise à renouveler, réhabiliter et densifier les secteurs anciens et éviter ainsi l’étalement urbain à travers un dispositif d’accompagnement technique et financier des travaux à engager par les nouveaux acquéreurs. Les gains énergétiques doivent atteindre au moins 40 % pour un financement de 10 % du montant de la totalité des travaux, y compris ceux qui concernent l’agrandissement du logement (extensions neuves). L’Adil, l’espace info Energie et Soliha accompagnent ainsi successivement les ménages engagés dans un projet d’acquisition sur l’achat et le montage financier, le diagnostic du logement et des travaux à entreprendre, leur phasage, etc.

La matinée s’est achevée par une table ronde réunissant Xavier DUBOURG (1er adjoint à l’urbanisme, Laval), Patrick BALEYDIER (Vice-Président SCoT du Pays du Vignoble Nantais), Damien BINOS (Doué-en-Anjou) et Loïc GUILBOT (CEREMA) où les échanges se sont poursuivis autour de la nécessité d’articuler les actions ciblées sur l’habitat existant et des actions conduites à l’échelle de la ville touchant à : l’évolution des mobilités vers les modes actifs et la limitation de la voiture, l’introduction de la nature, la transformation des espaces publics et de leurs usages, etc. Xavier DUBOURG a pu ainsi évoquer les actions conduites dans le centre de Laval qui ont valu à la ville d’être retenue en 2018 dans le cadre de l’action Cœur de Ville du ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités locales. Patrick BALEYDIER a pour sa part évoqué la nécessité de repenser la présence de la voiture dans les espaces publics des bourgs en même que temps que le développement des mobilités douces. Cette évolution vient répondre aux nouveaux comportements dans le domaine des déplacements qui sont observés chez les jeunes ménages. Damien BINOS a présenté la démarche de Doué-en-Anjou sur le centre-ville qui, à partir d’une étude stratégique sur le renouvellement des fonctions, des usages et des densités, a été traduite dans un plan guide. Cette démarche vise d’une part, à l’aide d’acquisitions foncières, à requalifier intégralement certains îlots emblématiques du centre historique de Doué-en-Anjou et les espaces publics alentours. Et d’autre part, elle prévoit un accompagnement de propriétaires privés dans la rénovation de leur bien dans le cadre d’une Opération Programmée pour l’Amélioration de l’Habitat Centre-Bourg (OPAH-CB) qui comprend aussi des actions de restructuration des accès et du stationnement à proximité. La faisabilité d’une démarche BIMBY a également été expérimentée à l’occasion de l’élaboration du PLUI du Pays du douessin (comprenant les communes de Doué-en-Anjou, Dénezé-sous-Doué, Louresse-Rochemenier, et Les Ulmes). Les 110 entretiens réalisés avec des propriétaires sur l’ensemble du territoire ont montré un potentiel de création de 150 nouveaux logements par divisions parcellaires. Des dispositions pour accompagner cette possibilité de densification douce sont donc intégrées dans le PLUI.

En début d’après midi, Xavier DUBOURG (1er adjoint à l’urbanisme à Laval) et Patrick GUITTON de l’Agence In Situ ont fait une présentation des caractéristiques et des objectifs du projet Quartier Ferrié (29 ha, 900 logements, 20 000 m² de locaux d’activités, 30 000 m² d’équipements), futur écoquartier (labellisé étape 1 en 2017) aménagé sur ancien site militaire. Les participants ont pu ensuite visiter les principales parties de l’opération.

Partager la page

S'abonner