Introduction à l’histoire du logement social, notamment en France

La réflexion sur le logement social naît avec l’industrialisation et l’urbanisation massives du 19ème siècle. Les premières initiatives sont l’œuvre de philanthropes privés doublés de patrons avisés. Les cités ouvrières s’inscrivent parfaitement dans le courant de pensée qui réunit depuis le milieu du 19ème siècle, hygiénistes et industriels : remédier aux maux physiques et moraux qui touchent la population ouvrière. L’idée de réunir cette population près du lieu de production n’est pas nouvelle car, très tôt, s’est fait sentir le besoin de stabiliser cette couche sociale, souvent marginale.

Après de longs tâtonnements et diverses lois, dont la loi Siegfried de 1894, l’engagement des pouvoirs publics permet la mise en place d’un programme de construction de logements sociaux et de résorption de l’habitat insalubre. En 1889, le création de la société française des Habitations à Bon Marché (HBM) marque une étape décisive.

Dans l’après-guerre (1914-1918), certains offices public d’HBM vont s’engager, pour les villes ayant un fort potentiel industriel et démographique, dans une politique ambitieuse en faveur du logement populaire. Sur le modèle anglais d’Howard, se développent dans les années 20 les cités jardins, composées de maisons individuelles avec jardins privatifs. Les réalisations sont souvent originales et marquées par des préoccupations hygiénistes.

Dans les années 30, les innovations architecturales se réduisent du fait de la crise : les coûts des terrains et de la construction ont augmenté. L’habitat collectif est moins onéreux c’est pourquoi il est privilégié, avec des conceptions parfois rationnelles de l’architecture et de l’utilisation de procédés industriels pour la construction.

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, la préoccupation est la reconstruction. La priorité est à l’efficacité, mais aussi à la réflexion. Le temps des rénovations est aussi une période d’expérimentation. Mais la croissance démographique, nourrie en grande partie par l’immigration, accentue la pénurie de logements, qui sera dénoncée par l’Abbé Pierre lors de son fameux appel de l’hiver 54. Le grand ensemble est la réponse apportée au besoin de logements en grand nombre. Il correspond aussi à l’industrialisation qui fournit les matériaux et les techniques nécessaires à la construction. Le préfabriqué est de mise ; l’heure n’est pas à la qualité mais à la quantité.
De cette période, il reste des traces urbaines comme les barres/tours d’immeuble, parallèles les unes aux autres, avec un intervalle identique entre chacune en raison du placement des rails de la grue qui permettait une construction « à la chaîne » et avec du béton …
L’échec des grands ensembles conduisent les architectes, à la fin des années 70 et des années 80, à créer un nouveau type de logement social, basé sur la diversité, des échelles plus petites et des formes urbanistiques plus traditionnelles. Ce désir de changement d’échelle transparaît dans les cités ou la rénovation des centres.

Pour changer l’image des barres HLM, et pour répondre à la demande, les constructions de logements sociaux de type individuel représentent une majorité des opérations réalisées en cette fin de XXème siècle.
Au début du XXIème siècle, dans le contexte français, les évolutions des modes de vie et d’habité, la nécessité de tenir les coûts de production dans un contexte où le prix du foncier augmente, la volonté de développer la mixité sociale. La recherche d’une définition de la qualité dans le logement social positionne le développement durable sur le plan technique et « politique ». Gros consommateur d’énergie, l’habitat suscite des réflexions pour promouvoir un nouveau mode de conception, avec des bâtiments à basse consommation mais aussi des surfaces plus compactes, optimisant l’utilisation de la surface utile par logement et des montages financiers qui de plus en plus mêlent les différents « produits » (location très sociale, location sociale, accession aidée à la propriété …) dans une même opération. On entre dans une nouvelle phase de développement du logement social, après l’hygiénisme et la production de masse, le logement social entame une phase de développement durable de son offre locative.

Pour plus de détails :

Partager la page

S'abonner