Zoom sur les mesures compensatoire de la déviation de la RN 171 à Bouvron (44)

La déviation de Bouvron est un chantier exemplaire d’un point de vue environnemental. L’opération est conçue pour réduire au maximum l’impact environnemental sur les milieux. Lorsqu’il n’a pas été possible d’éviter ou réduire les atteintes à la biodiversité, des mesures de compensation ont été envisagées.

Entretien avec Stéphane Le Moing, responsable de la division maîtrise d’ouvrage routière à la DREAL Pays de la Loire.

Quelles types de mesures compensatoires sont mises en place ?

L’ensemble de nos mesures vise à restaurer ou recréer du milieu bocager semblable aux espaces impactés par la déviation.

Nous avons converti des cultures en prairies, ou encore dédrainé des parcelles cultivées jusqu’alors, pour en faire des zones humides. Nous avons également remplacé des peupleraies par des boisements alluviaux pour les oiseaux, les chiroptères (chauve-souris) et les amphibiens (grenouilles) notamment. Autres mesures emblématiques : la création d’1,5 hectare de prairies humides, la plantation de 3 km de haies bocagères et la création de 15 mares. Enfin, il ne faut pas oublier les reptiles qui ont aussi droit à des mesures spécifiques.
Mare créée en 2017, elle accueille déjà la rainette verte.

Comment sont-elles mises en place ?

Haie plantée durant l'hiver avec des arbres de différentes hauteurs pour être favorable à un maximum d'espèces (insectes, reptiles, amphibiens, oiseaux, chiroptères).
Une partie des mesures a pu être mise en œuvre sur des emprises acquises par l’État. C’est notamment le cas sur la zone du Friche Blanc où le rétablissement prévu dans le projet initial n’ayant finalement pas été réalisé en raison de très forts enjeux environnementaux, des emprises foncières étaient disponibles. Mais pour la grande majorité de ces mesures, nous avons fait appel aux exploitants agricoles. Sur la base du volontariat, et contre indemnisation, des exploitants agricoles ont accepté de mettre en œuvre des mesures compensatoires sur leurs exploitations. Pour certaines de ces mesures qui impactent le foncier (mares, haies, conversion de peupleraie…), les propriétaires sont aussi parties prenantes. Il y a eu un gros travail de démarchage, d’explication, et de concertation auprès des différents acteurs du territoire pour en arriver à la réalisation des travaux. Des échanges initiés dès 2015 !

Est-ce courant de faire appel aux exploitants agricoles pour les mesures compensatoires sur ce type de chantier ? Combien de personnes sont concernées ?

Le recours aux conventions est assez répandu pour la mise en œuvre de mesures compensatoires environnementales. En effet, ces conventions permettent de maintenir un usage agricole (même s’il est plus encadré), et surtout de ne pas acquérir de nouveaux terrains pour ces mesures à des propriétaires fonciers déjà impactés par les emprises du projet routier. Ce sont ainsi 11 exploitants agricoles et 25 propriétaires qui se sont engagés dans la mise en œuvre de ces mesures, sur environ 90 parcelles.

Mouillère

Y a-t-il des mesures particulières ?

Vous avez sûrement remarqué cet hiver une partie de l’ancienne route communale du Friche Blanc inondée de part et d’autre de la déviation (photo ci-contre). Il s’agit de mouillères, sorte de mares qui se comportent comme des zones humides peu profondes, alimentées par la nappe phréatique et par la pluie. Sans exutoire, la mouillère reste en eau plus ou moins longtemps et la végétation peut en coloniser tout le fond. Ces mouillères ont pour objectif d’offrir des habitats aux amphibiens, aux libellules, aux oiseaux et aux petits mammifères. Il ne s’agit pas d’une mesure compensatoire car elle ne vient pas répondre à un impact du projet. En revanche, cette mesure poursuit le même objectif : recréer des habitats pour les espèces protégées ou non, qui vivent sur le territoire.

Andain écologique en cours de réalisation

Y-a-il un suivi des mesures prises ?

Un suivi de toutes les mesures mises en œuvre est prévu sur 20 ans avec un calendrier établi par les arrêtés préfectoraux qui ont autorisé les travaux au regard des dispositions du code de l’environnement. Ces suivis servent à évaluer l’efficacité des mesures. Ils sont transmis aux services en charge de la police de l’environnement. Si les suivis montrent des résultats jugés insuffisants au regard des objectifs poursuivis, nous prendrons des mesures correctives. Sur les mares, le suivi a débuté et met déjà en évidence une colonisation des milieux par les amphibiens au-delà de nos attentes.

Pie grièche écorcheur

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