Atelier régional ÉcoQuartier le mardi 5 juin 2018 à Nantes - « Les mobilités du quotidien dans l’aménagement, levier de la ville et des territoires de demain »

La réduction de notre dépendance à la voiture individuelle est un objectif de l’action publique dans la perspective de la transition énergétique. A toutes les échelles, les territoires conçoivent et mettent en œuvre des solutions pour répondre aux besoins de mobilités des ménages et des acteurs économiques. Nos modes de vie créent une multiplicité de besoins de déplacement au quotidien selon le lieu de vie, le jour de la semaine, le chaînage des activités, la taille du ménage, l’âge, le niveau social et économique, etc. L’offre de déplacement doit répondre à cette diversité tout en poursuivant des objectifs de performance énergétique et environnementale.

Cette journée organisée par la DREAL dans le cadre de la semaine européenne du développement durable, a été un lieu et un espace de témoignages de territoires et d’acteurs de la mobilité qui conçoivent des solutions adaptées aux besoins des personnes qui y résident, y travaillent, y étudient ou y séjournent.
Les participants ont pu ainsi découvrir des stratégies territoriales de mobilité, des actions innovantes qui préfigurent les pratiques qui se diffuseront largement à court et moyen termes et également des analyses transversales et de prospective qui donnent des clés de compréhension sur les enjeux actuels et les tendances futures.

Chercheuse au laboratoire CRITERES à Tours et consultante dans le domaine de la mobilité (MH - Recherche & Conseil), Marie HUYGHE a exposé les principaux enjeux de la question de la mobilité et son évolution vers une moindre dépendance à l’égard de la voiture individuelle fonctionnant aux énergies fossiles. Face au constat de l’effet encore limité des politiques de développement des modes actifs (vélo, marche) et des transports collectifs, force est de constater que les alternatives en matière d’offre de mobilité sont selon les territoires absentes ou inadaptées aux besoins. Alors que les politiques d’offre sont généralement globales, les besoins sont eux très diversifiés comme le rappelle Marie HUYGHES. Il s’agirait d’avoir une approche systémique de la mobilité où l’action porterait sur 3 niveaux : technique en proposant des innovations dans le domaine des véhicules, environnemental en transformant la ville et en aménageant le territoire (favoriser les courtes distances) et comportemental pour faire évoluer les représentations et les pratiques de mobilité des individus.

Vincent CAILLARD de l’Agence d’urbanisme de la région nantaise a présenté les principaux résultats de l’enquête déplacements Grand Territoire conduite en 2015 sur le département de la Loire-Atlantique à l’initiative du Conseil départemental, de Nantes Métropole, de la Carene et de Cap Atlantique. Cette enquête propose un état des lieux robuste des pratiques de déplacements des habitants du lundi au vendredi qui sert de base à l’élaboration et la mise en place des politiques de déplacement. Quatre types de territoire ont été pris en compte dans l’analyse des résultats : ville centre, périphérie-proche, périurbain et rural. Sur l’ensemble du territoire enquêté, la mobilité individuelle - en nombre de déplacements par jour et par personne - a augmenté. Un tiers de ces déplacements ont pour motif le travail et la formation, les deux autres tiers sont liés aux loisirs, achats et affaires personnelles. Avec une heure en moyenne consacrée quotidiennement à se déplacer, les habitants du périurbain sont 76% à utiliser la voiture contre 47 % des personnes habitants Nantes. Si 63 % des déplacements quotidiens des habitants de Loire-Atlantique font moins de 5 km, un peu plus de la moitié (54 %) sont effectués en voiture.
Les réponses à apporter à l’augmentation des besoins de déplacements sur tout le territoire nécessitent de mobiliser plusieurs leviers : la stabilisation de la part de la voiture en développant le covoiturage, les transports collectifs - quand cela est possible - la promotion des modes actifs et la transformation des rythmes et modes de vie en lien avec l’évolution de la répartition sur les territoires des activités et fonctions urbaines.

Les données fournies par l’enquête déplacements Grands Territoires permettent aux collectivités de poser des diagnostics à partir desquels elles développent des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle. C’est ce qu’ont exposé Wilfried BRAUX pour la Communauté de communes Erdre et Gesvres et Clément MAHE pour Cap Atlantique (territoire de la presqu’ile de Guérande). Décliné dans 15 actions, le Plan Global de Déplacement de la CC Erdre et Gesvres vise à stabiliser la part modale de la voiture à l’horizon 2030 et développer le vélo, la marche ainsi que les transports collectifs dans les déplacements quotidiens. Ce plan d’actions concerne autant les aménagements d’un réseau cyclable dense et sûr que la mise en œuvre d’une communication continue auprès des habitants pour les informer des offres alternatives à la voiture et l’installation dans les pratiques quotidiennes d’une culture de la mobilité autour du vélo et de la marche. Cap Atlantique déploie quant à elle son Schéma Directeur Vélo afin que le vélo devienne un moyen de déplacement alternatif à la voiture pour les besoins quotidiens utilitaires dans un territoire très touristique disposant déjà d’un réseau important de pistes cyclables pour les activités de loisir. Cette montée en puissance passe par des aménagements sur le réseau existant pour le sécuriser davantage, la réalisation d’itinéraires complets et reliés avec ceux des territoires voisins. Des investissements importants sont également réalisés sur la signalétique et la communication.

La matinée s’est terminée avec la présentation par Eric MOUSSERION de la Communauté d’agglomération Saumur Val de Loire d’un dispositif de location longue durée de vélos à assistance électrique pour les déplacements domicile-travail. André GILLET - président de l’Union départementale de Loire-Atlantique d’accompagnement à la mobilité solidaire - a quant lui présenté le fonctionnement de ce réseau de conducteurs bénévoles qui transportent des personnes vivant dans les zones rurales et ne disposant pas de voiture pour se rendre à un rendez-vous médical, effectuer une démarche administrative ou passer un entretien professionnel. En plein développement, la mobilité solidaire constitue une solution de mobilité efficace dans les territoires ruraux où l’offre en transports collectifs est peu développée.

L’après-midi fut consacrée aux évolutions et innovations des pratiques de mobilité à court et moyen termes. Diane BOUCHENOT (Chronos-Auxilia Conseil) a ainsi dressé quelques scénarios prospectifs qui peuvent être déduits de tendances émergentes comme les pratiques de partage (covoiturage, location entre particulier) ou le développement des modes actifs. Du coté des innovations, les outils numériques ou les véhicules autonomes constituent des solutions permettant de répondre à des besoins de mobilité de plus en plus diversifiés. D’un système essentiellement basé sur la voiture individuelle et les transports collectifs publics, on assiste au développement d’une multitude d’offres de mobilités possibles, certes limitée encore très majoritairement aux grandes villes. Des plateformes offriront de nombreuses solutions de mobilité aux habitants comme cela est en cours de déploiement à Mulhouse et Helsinki.

Hélène PASSELANDE de LAD-SELA - société d’aménagement publique de la Loire-Atlantique - a exposé à travers plusieurs exemples d’opérations d’aménagement comment les aménageurs pouvaient traiter la question des mobilités durables. Ainsi, du choix du site à aménager, en passant par la proximité de transports collectifs, à la programmation de commerces, services et équipements, la place octroyée à la voiture au niveau des voiries (zones 30, zones partagées, cheminements doux protégés) et du stationnement (stationnements déportés, poches de stationnement réversibles), il existe tout une palette de leviers pour promouvoir les mobilités actives et limiter la place de la voiture individuelle dans les opérations d’aménagement.

Annie-Claude THIOLAT - présidente de Place au Vélo à Nantes - a ensuite expliqué aux participants le rôle de son association pour installer une culture vélo dans la ville. Cela suppose d’agir sur de multiples leviers opérationnels et culturels pour placer l’usage du vélo au cœur de l’aménagement des villes. Avec les collectivités, Place au Vélo agit également auprès des entreprises, de l’enseignement, des acteurs de l’aménagement et du logement. Ainsi en est-il du partenariat avec des bailleurs sociaux dans le cadre du dispositif Alvéole financé grâce à des Certificats d’économie d’énergie. Alvéole permet d’équiper les logements sociaux de stationnements vélo sécurisés et de donner des formations auprès des habitants pour développer leur compétence à utiliser le vélo en milieu urbain (sécurité, itinéraire, réparation…).

La journée s’est achevée par la présentation par Laurent NICOLET du service d’autopartage de véhicules électriques mis en place par le Pôle métropolitain Le Mans-Sarthe dans 6 communes périphériques de la ville centre. Dans des territoires moins desservis par les transports collectifs, cette solution vient répondre à des besoins de mobilité d’une fraction précise de la population pour des déplacements de courtes distances et très ponctuels. Cette offre peut ainsi permettre à des ménages de n’avoir qu’un seul véhicule.

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