Atelier Régional EcoQuartier du vendredi 25 novembre 2016 - Prendre en compte l’expertise des usagers dans les projets d’aménagement

En favorisant la sobriété énergétique des logements, la réduction de l’usage de la voiture au profit des transports en commun et des modes de déplacement doux, la réduction de la production des déchets ménagers, le développement des circuits courts et de l’économie collaborative, sociale et solidaire, la ville durable propose de faire évoluer un grand nombre de nos pratiques quotidiennes. Les défis de la transition énergétique, auxquels doit répondre l’aménagement, impliquent de prendre en compte les modes de vie des habitants et leurs aspirations afin que les choix opérés correspondent à ces pratiques et permettent leur évolution.

Répondre aux objectifs de la transition énergétique et écologique, suppose de mettre en œuvre des processus d’élaboration des choix d’aménagement qui privilégient la transversalité et l’implication d’un nombre plus large d’acteurs - que les seuls acteurs institutionnels et professionnels - dont les habitants en premier lieu.

La diversité et la complexité des enjeux, que doit intégrer l’aménagement durable (la démarche écoquartier comprend 20 engagements thématiques qui sont autant de questions à se poser dès lors qu’on entreprend de réaliser une opération d’aménagement durable), supposent en effet de multiplier les dimensions à prendre en compte (urbanisme, architecture, énergie, biodiversité, environnement, paysage, économie, sociologie) et donc d’élargir la palette des partenariats et des publics visés. L’engagement 2 de la démarche écoquartier « Formaliser et mettre en œuvre un processus de pilotage et une gouvernance élargie » souligne l’importance d’associer la population au projet d’écoquartier.

La question de l’association du public n’est pas nouvelle. Un certain nombre d’écoquartiers ont déjà mis en œuvre des démarches de concertation voire d’implication active des riverains et des habitants. Les projets d’habitats participatifs, qui font l’objet de plusieurs initiatives en Pays de la Loire, offrent des illustrations très concrètes où les habitants sont au cœur de la réalisation d’une opération d’aménagement, y compris sur les aspects les plus techniques liés à la conception et au fonctionnement des bâtiments et des espaces publics. Cette question de l’habitat participatif a déjà fait l’objet d’un atelier régional écoquartier en 2014 à Angers.

Cependant, de nombreuses opérations d’aménagement dépassent encore peu les exigences réglementaires en matière d’association du public et se cantonnent à des formes classiques d’information (réunion publique, journal de chantier, maison de projet) et de concertation sur des aspects limités du projet (espaces publics, aires de jeux, salle de quartier).

Les interventions de cette journée ont permis de présenter quelques initiatives où les habitants-usagers sont fortement associés à des projets d’aménagement portés par des acteurs assez différents et portants sur des sujets également variés où des exemples innovants sont des laboratoires de nouvelles pratiques.

Claire PARDA (Ville de Nantes) a présenté comment la Ville de Nantes et Nantes Métropole associent les habitants à différents projets urbains aux stades de la conception, de la gestion ou de l’usage. L’impact de ces démarches sur les pratiques et la façon de vivre la ville au quotidien ont été abordés comme le cas d’un dispositif original de co-construction, avec des habitants, d’atlas du paysage dans différents quartiers de Nantes.

Laurent LEBOT et Victor MASSIP sont designers associés dans le bureau d’étude Faltazi. Ils ont par ailleurs créé les Ekovores (https://www.lesekovores.com). Ils ont expliqué comment à travers cette structure, ils expérimentent et proposent des solutions pour rendre la ville « résiliente » aux changements climatiques, à la crise énergétique et aux effets sociaux et économiques qu’ils produisent. C’est notamment autour des notions d’économie circulaire et d’agriculture urbaine qu’ils créent des équipements destinés à prendre place sur nos espaces publics. A travers la conception de ces objets, c’est toute une analyse des pratiques à la fois descriptive et prospective que met en œuvre le designer pour rendre possible l’émergence de comportements qui traduiront concrètement les objectifs de transitions énergétiques et écologiques. Ils nous ont parlé aussi de leur collaboration avec un collectif d’habitantes du quartier de Malakoff qui a permis de concevoir un composteur d’un genre nouveau.

Jean-Théophile GANDON (Dreal Bretagne) et Nathalie RACINEUX (CEREMA) ont présenté la démarche et les enseignements d’une enquête sociologique réalisée en 2014 dans 3 écoquartiers autour de Rennes. Cette enquête visait à comprendre comment les habitants perçoivent et intègrent dans leurs comportements les choix d’aménagement réalisés dans les domaines architecturaux, de la nature en ville, de la mobilité ou de l’accessibilité. Si le cadre de vie offert, la place de la nature, la diversité et la recherche architecturales et la mixité fonctionnelle sont des éléments appréciés, la densité, la préservation de l’intimité, les liens entre propriétaires et locataires et la forte dépendance à la voiture restent des points de vigilance exprimés par les personnes interrogées.

Antoine HOUËL (Îlink) et Emilie JEANNIOT (SAMOA) ont évoqué les ambitions du projet Îlink (https://www.facebook.com/LaConciergerieLabodeQuartier) réalisé sur le quartier de la Prairie au Duc sur l’Île de Nantes. Ce projet constitue une innovation dans le domaine des pratiques d’aménagement en proposant d’associer de futurs occupants (professionnels et habitants) à la conception, la gestion et la vie quotidienne d’un programme immobilier à travers la mise en œuvre d’une véritable maîtrise d’usage.
Télécharger ici la présentation du programme Îlink

Pour clore la journée, les participants ont effectué une visite de la « Conciergerie » qui est une pièce maîtresse du projet Îlink où s’expérimentent au quotidien de nouvelles façons d’habiter, de vivre la ville durable de demain.